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CLIMAT : LA FRANCE VA-T-ELLE FAIRE DÉRAILLER L’OBJECTIF 2040 DE L’UE ?

  • Photo du rédacteur: Théophile Jouassain
    Théophile Jouassain
  • 11 sept.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 sept.

L’Union européenne débat de son objectif climatique 2040 : réduire de 90 % ses émissions. La France joue un rôle clé pour protéger ses industries, tandis que l’UE tente de trouver un compromis avant la COP30.

L’Union européenne tente de se mettre d’accord sur un nouvel objectif climatique : réduire de 90 % ses émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2040, par rapport à 1990. Un cap décisif, censé guider la transition énergétique du continent et envoyer un signal fort à la communauté internationale avant la COP30, prévue en novembre au Brésil. Mais à quelques jours d’un sommet crucial, les divisions entre États membres, et le rôle particulier de la France, font planer la menace d’un blocage.


Un objectif décisif pour la transition européenne


L’objectif de 2040 n’est pas anodin : il doit tracer la trajectoire qui mènera l’UE vers la neutralité carbone en 2050, tout en fixant des repères clairs pour les investissements dans l’énergie propre et l’industrie. 


La Commission espère également que cet engagement servira de référence lors des négociations internationales, alors que l’Union est régulièrement citée comme leader climatique mondial.


Une ambition qui cache une tension politique entre certains États membres et pour cause : atteindre ces 90 % de réduction des émissions en quinze ans suppose de transformer en profondeur des pans entiers de l'économie européenne. 


C’est aussi un signal diplomatique majeur : si l’UE n’arrive pas à présenter un front uni, elle risque de perdre en crédibilité dans les discussions internationales, particulièrement à l’occasion des dix ans de l’Accord de Paris.



La France au cœur des négociations


Un pays en particulier tente de peser de tout son poids pour freiner les ambitions de Bruxelles : la France, par la voie d’Emmanuel Macron, qui insiste sur la nécessité de protéger les industries stratégiques, comme l’acier. 


Bien que la France ne conteste pas l’objectif de −90 %, elle semble multiplier les conditions pour en garantir la faisabilité.


Concrètement, Paris plaide pour élargir le recours aux crédits carbone, revoir la manière dont les réductions d’émissions sont réparties entre pays, et renforcer le soutien financier aux industries qui consomment beaucoup d’énergie


Pour ses partenaires, cette prudence ressemble à un frein. 


Plusieurs diplomates craignent que Macron, qui a exprimé le désir de voir ces objectifs discutés par l’ensemble des chefs d'États européens en Octobre, n’ouvre la voie à une remise en cause plus large de l’ambition européenne.



Une Europe divisée sur son ambition climatique


Les positions au sein de l’Union restent profondément divergentes. 


Les pays d’Europe du nord, comme l’Allemagne, les Pays-Bas, défendent une ligne ambitieuse et soutiennent la proposition de la Commission. 


Pour eux, il s’agit d’un objectif crédible et indispensable pour honorer les engagements de l’Accord de Paris.


À l’inverse, l’Italie, la Pologne et plusieurs pays d’Europe centrale redoutent les conséquences économiques d’une telle transition. Ils craignent une perte de compétitivité et un rejet populaire face à des coûts trop élevés. 


Leur solution : augmenter la part de l’objectif couvert par des crédits carbone internationaux, ce qui permettrait de compenser une partie des émissions européennes grâce à des projets réalisés à l’étranger.


Pour certains, c’est une façon de compter sur des jeux de comptabilité carbone plutôt que de réaliser de véritables réductions de GES.



La crédibilité internationale de l’UE en jeu ?


Ce débat sur les objectifs climatiques de l’UE pourrait avoir un retentissement dépassant ses frontières.


L’Europe est aujourd’hui le continent qui se réchauffe le plus vite -deux fois plus vite que la moyenne mondiale-, frappé par des canicules, des incendies et des inondations de plus en plus destructeurs. 


Reculer sur l’objectif 2040 pourrait être perçu comme un signal d’abandon, alors même que l'UE reste le principal moteur de l’action climatique dans le monde.


Le Haut Conseil pour le climat en France a d’ailleurs exprimé cette inquiétude : retarder la décision reviendrait à affaiblir l’engagement européen et à miner sa position à la COP30. 


Dans un contexte où les États-Unis viennent à nouveau de se retirer de l’Accord de Paris, un échec européen aurait un retentissement mondial.



Quel équilibre entre climat et industrie ?


Derrière les chiffres et les pourcentages se cache un dilemme fondamental : comment concilier la protection du climat et la sauvegarde des économies nationales ? 


Chaque pays défend ses intérêts, et tous ne subissent pas les mêmes impacts économiques face aux politiques de réduction des émissions.


À cela s’ajoute le poids croissant des forces politiques pro-business, voire de populismes climatosceptiques, qui freinent l’adoption de mesures ambitieuses. 


L’Union européenne doit donc marcher sur une ligne de crête : aller vite pour respecter ses engagements climatiques, sans déclencher une fronde industrielle ou sociale.


Un compromis doit être trouvé rapidement, sans quoi l’Union pourrait arriver divisée à la COP30. 


Un revers qui serait particulièrement symbolique, dix ans après l'adoption de l’Accord de Paris.

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