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SYSTÈMES D'ALERTE PRÉCOCE : L’APPEL PRESSANT DE L’ONU FACE À L’ACCROISSEMENT DES CATASTROPHES NATURELLES

  • Photo du rédacteur: Théophile Jouassain
    Théophile Jouassain
  • 29 oct.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 oct.

Alors que la fréquence et la violence des catastrophes dites « naturelles » augmentent chaque année à cause du réchauffement climatique, la préparation face à ces risques reste très inégale : les pays du Sud, moins équipés, concentrent près de 90 % des victimes recensées depuis cinquante ans. Des disparités qui s’expliquent en grande partie par la faiblesse des systèmes d’alerte précoce dans les régions moins développées économiquement. L’Organisation météorologique mondiale en appelle à un vaste plan pour renforcer ces dispositifs dans les pays les plus exposés.


Habitants de Kinshasa traversant les rues indondées, suites à des pluies torrentielles en avril 2025                  Source : Associated Press
Habitants de Kinshasa traversant les rues indondées, suites à des pluies torrentielles en avril 2025 Source : Associated Press


Des catastrophes plus fréquentes et plus meurtrières


Depuis 1970, les catastrophes liées à la météo, à l’eau et au climat ont coûté la vie à plus de deux millions de personnes, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), l’organe spécialisé de l’ONU sur la météo et le climat. 


Ces événements, de plus en plus intenses, traduisent l’impact direct du dérèglement climatique sur la sécurité humaine. 


Selon la base de données du Centre de Recherche sur l'Épidémiologie des Désastres (CRED), le nombre annuel de catastrophes naturelles est passé d’environ 100 par an dans les années 1970 à plus de 400 par an sur la décennie 2010-2020.


Cette progression concerne surtout les événements climatiques, comme les tempêtes, inondations et vagues de chaleur, tandis que certains événements comme les tremblements de terre restent relativement stables.


Derrière ces chiffres globaux, se cache une répartition des risques très inégale : près de 90% des victimes vivaient dans des pays en développement, où les infrastructures de surveillance et d’alerte font souvent défaut.



Des régions du monde encore mal préparées


Si l’on peut être tenté de penser que le nombre de morts des pays du sud est lié à une plus forte exposition aux aléas climatiques, comme les cyclones tropicaux, les sécheresses ou les inondations, les données démontrent que le facteur le plus déterminant reste l’impréparation face à ces événements, et notamment l’absence de systèmes de surveillance et d’alerte.


Chaque minute gagnée entre la détection du risque et la réaction des autorités peut faire la différence entre un désastre localisé et une tragédie nationale, en permettant l’évacuation des zones à risque et la mise à l’abri des populations.


Près de la moitié des pays du monde ne possèdent pas de système d’alerte précoce fonctionnel, selon un rapport conjoint de la OMM et de l’ONU, un retard logistique qui multiplie par six le risque de mourir lors d’une catastrophe dans ces pays.


Les régions en guerre ou confrontées à des crises politiques sont encore plus vulnérables, faute de moyens pour entretenir leurs réseaux de surveillance.



Une couverture mondiale d’ici 2027


À l’inverse, les pays disposant d’alertes avancées et de plans d’évacuation coordonnés parviennent souvent à limiter les pertes humaines face à des événements d’une ampleur similaire, mais aussi les pertes économiques et les dégâts sur les infrastructures. 


C’est dans cette optique que l’OMM a réuni ses 193 membres à Genève pour un congrès extraordinaire


L’objectif : accélérer la mise en œuvre de l’initiative « Early Warnings for All », qui vise à garantir qu’aucun pays ne soit laissé sans système d’alerte d’ici 2027.


Un plan d'action mondial qui repose sur trois grands axes :


  •  Améliorer la surveillance grâce à des réseaux de stations météorologiques modernisés et à un meilleur partage de données entre pays. 


  • Renforcer la communication des alertes, afin que les informations cruciales atteignent les populations à temps. 


  • Former les communautés locales pour qu’elles puissent comprendre et appliquer les consignes de sécurité sans attendre l’intervention extérieure.


L’initiative rappelle un principe simple : l’information ne sauve que si elle est comprise et suivie d’action. Comme l’a résumé la secrétaire générale de la OMM : « Une alerte précoce n’a de sens que si elle déclenche une réaction ».


Des enfants se formant aux gestes d'urgence en cas de catastrophe
Abiraj, 14 ans, organise des activités sur la préparation aux catastrophes dans un club d'enfants au Népal Source : UNICEF

Un défi global, au-delà de la technologie


Malheureusement, mettre en place des systèmes d'alerte ne se résume pas à déployer des capteurs ou des satellites. 


Le développement de ce projet fait face aux défis politiques, financiers et sociaux des pays qu’il entend aider. 


Les États doivent investir dans la résilience à long terme, au-delà des cycles électoraux, et garantir un financement stable pour entretenir les infrastructures


Des pays à risque comme l’Argentine, l’Inde, mais aussi les États-Unis sous l’administration Trump, restent bien en dessous des niveaux d’investissement et de préparation nécessaires pour faire face efficacement aux catastrophes naturelles. 


Un déficit souvent lié à un manque de volonté politique, parfois accentué par le climatoscepticisme de leurs dirigeants.


La coopération internationale joue aussi un rôle clé dans le déroulement de cette stratégie : sans partage de données ni solidarité technique, certaines régions resteront aveugles face aux menaces. 


Un enjeux particulièrement critique dans les zones en proie à des conflits, où les infrastructures sont fragiles et les ressources limitées.



Les systèmes d’alerte, pilier central de l’adaptation climatique ?


Ce que nous dit en clair le rapport de l’OMM, c’est que les systèmes d’alerte doivent devenir un élément central de la sécurité climatique mondiale au même titre que la transition énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.


Une nécessité, alors que le World Economic Forum a estimé que la multiplication des catastrophes naturelles pourrait engendrer 14 millions de morts d’ici à 2050


Les systèmes d’alerte ne suffiront cependant pas à eux seuls pour prévenir ces morts.


Pour limiter l’impact des catastrophes climatiques, il sera également crucial de renforcer les infrastructures résilientes, de repenser l’urbanisme et l’habitat, de protéger les ressources en eau et en nourriture, et de soutenir les communautés les plus vulnérables


Reste à savoir si les dirigeants nationaux et locaux sauront appréhender cette complexité et faire de ces leviers d’action une véritable priorité, au détriment d’enjeux parfois plus porteurs sur le plan électoral.


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