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PACTE VERT POUR L’EUROPE : DES OBJECTIFS RÉAJUSTÉS POUR 2024

Dernière mise à jour : 21 nov. 2024

Lancé en 2019, le Pacte Vert pour l’Europe représente l’une des initiatives climatiques les plus ambitieuses de l’histoire de l’Union européenne. Visant la neutralité carbone d’ici 2050, ce programme transversal mobilise tous les secteurs, de l’énergie aux transports, en passant par l’industrie et l’agriculture. Pourtant, face à des crises multiples, l’UE a décidé de réviser en 2024 certains objectifs pour maintenir sa trajectoire écologique. Ces ajustements soulignent une volonté de s’adapter à un contexte géopolitique et économique changeant, tout en renforçant le rôle de l’Europe comme leader mondial de la transition énergétique.



Ursula von der leyen annonçant la stratégie climatique de l'Union Européenne
L’UE veut porter la part des renouvelables de son mix énergétique à 30% en 2030, contre 22% en 2022.

REHAUSSER LES AMBITIONS DES ÉNERGIES RENOUVELABLES


L’un des axes prioritaires de cette révision concerne les énergies renouvelables, désormais fer de lance de la stratégie énergétique européenne. 


L’objectif est de porter leur part dans le mix énergétique à 42,5 % d’ici 2030, avec une ambition flexible pouvant atteindre 45 %. Ces chiffres traduisent une volonté d’accélération dans un contexte où l’énergie solaire et éolienne ont déjà connu une croissance exponentielle, représentant près de 50 % de la production d’électricité en 2023.


Cependant, cette expansion est freinée par des défis majeurs, comme la dépendance aux importations pour les panneaux photovoltaïques et les turbines éoliennes, ou encore la lenteur des autorisations administratives. 


À cela s’ajoute une pression géopolitique accrue, exacerbée par la guerre en Ukraine, qui a poussé l’Europe à réduire sa dépendance aux combustibles fossiles russes. 


Cette réorientation stratégique souligne l’urgence d’investir davantage dans les chaînes d’approvisionnement locales et de simplifier les démarches pour le développement des infrastructures renouvelables.


La stratégie du tout-renouvelable doit également trouver des alternatives aux technologies gourmandes en métaux critiques -notamment les batteries au lithium-, qui font face à des enjeux d'approvisionnement à long terme et de coûts environnementaux de plus en plus décriés. 



L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS


En parallèle, l’efficacité énergétique devient un pilier central du Pacte Vert. L’UE s’est fixé un objectif contraignant : réduire de 11,7 % la consommation énergétique globale d’ici 2030 par rapport aux prévisions initiales. 


Les bâtiments, responsables de 40 % de la consommation énergétique en Europe, constituent un levier majeur.


Pour atteindre cet objectif, le programme Renovation Wave a été renforcé, avec une attention particulière aux logements des ménages les plus modestes. Cette initiative vise non seulement à réduire la précarité énergétique, mais aussi à créer des emplois dans le secteur du bâtiment tout en diminuant les émissions de CO₂.


La rénovation énergétique est toutefois confrontée à des obstacles : les coûts élevés des travaux et les disparités entre les États membres dans la mise en œuvre des mesures. Une coordination renforcée au niveau européen apparaît nécessaire pour garantir le succès de cette stratégie.



UNE INDUSTRIE VERTE POUR L’AUTONOMIE STRATÉGIQUE


Le Pacte Vert pour 2024 met également l’accent sur l’industrialisation verte, avec l’adoption du Net-Zero Industry Act


Cette loi vise à produire localement 40 % des technologies nécessaires à la transition énergétique d’ici 2030, afin de réduire la dépendance européenne aux importations, notamment celles venant de Chine.


L’Union européenne entend ainsi stimuler les investissements dans des secteurs clés, comme l’hydrogène vert, les batteries, et les technologies de captage du carbone. En soutenant ces industries, l’UE aspire non seulement à réduire ses émissions, mais aussi à se positionner comme un acteur incontournable dans l’économie verte mondiale.


Cette stratégie implique en revanche des défis financiers et politiques importants, notamment pour garantir des conditions équitables entre les États membres. Le financement de ces projets repose en partie sur des fonds européens, mais aussi sur des contributions nationales, parfois difficiles à mobiliser dans un contexte d’inflation persistante.



UNE EUROPE À LA CROISÉE DES CHEMINS


La révision du Pacte Vert pour 2024 témoigne de la capacité de l’Europe à ajuster ses ambitions face à un contexte global en pleine mutation. 


Si les objectifs fixés pour les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’industrie verte sont ambitieux, leur réalisation nécessitera une coopération renforcée entre les États membres, un financement accru, et une meilleure coordination des politiques nationales.


En cas de réussite, ces mesures consolideront le leadership de l’Europe dans la lutte contre le changement climatique. Toutefois, l’Union devra surmonter des défis majeurs pour convaincre les pays aux gouvernements hostiles aux politiques climatiques -à l'instar du gouvernement de Viktor Orban en Hongrie- de rejoindre pleinement cette transition.

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